Une personne qui présente une déficience intellectuelle est avant tout une personne comme les autres qui vit différentes étapes de sa vie. Imaginez que vous vivez votre première journée au service de garde, à l'école primaire, à l'école secondaire, au travail ou votre premier jour de retraite...mais que tout cela se passe dans un autre pays, avec des gens qui parlent une autre langue et qui ont des coutumes toutes différentes des vôtres. C'est un peu comme cela que la personne qui vit avec une déficience intellectuelle traverse ces étapes de la vie : avec les mêmes entraves que vous, mais avec une compréhension de son monde et capacités pour s'y adapter limitées.
Un enfant avec une déficience intellectuelle est d'abord un enfant qui joue, qui apprend et qui découvre. Un adolescent avec une déficience intellectuelle est d'abord un adolescent dont le corps change, qui a des sautes d'humeur et qui se cherche. L'adulte avec une déficience intellectuelle est d'abord un adulte qui veut faire sa place dans la société grâce au travail ou à tout autre façon de s'accomplir et qui est en quête d'une vie affective et amoureuse. La personne âgée qui vit avec une déficience intellectuelle est d'abord une personne qui vieillit avec un corps qui lui lance des signaux de ralentir.
Évidemment, ces étapes de la vie ne seront pas vécues de la même façon chez une personne qui présente une déficience intellectuelle légère, moyenne, sévère ou profonde. Toutefois, il faut d'abord voir en elle une personne qui vit une étape de son développement avant de voir une personne ayant un handicap. Une jeune femme avec une déficience intellectuelle légère vous dit qu'elle souhaite un jour vivre dans son propre logement, avoir un travail et un amoureux? Pensez d'abord à la jeune femme qui manifeste un désir tout à fait légitime à son âge avant de penser aux possibles difficultés qu'elle pourrait vivre. Après tout, nous encouragerions tous une jeune femme sans déficience intellectuelle qui manifesterait le même désir!
Nous avons souhaité, avec ce cahier spécial, partager avec vous des témoignages de personnes présentant une déficience intellectuelle ou de leurs proches qui racontent comment ils vivent ces différentes étapes de la vie.
Gabriel est un jeune homme attachant et dynamique de 18 ans qui vit avec une trisomie 21.
Les personnes présentant une déficience intellectuelle sont en droit de fréquenter à temps plein les institutions scolaires adaptées jusqu'à l'âge de 21 ans. Par la suite, la prise en charge de ces personnes ne relève plus des commissions scolaires, mais des services sociaux. L'offre de services de jour, essentielle à la conciliation travail-famille des parents et à la conservation des acquis des adultes, est en train de s'organiser. Présentement, les parents d'adultes quittant l'école sont souvent confrontés à l'incertitude lors de la transition école/vie adulte.
Mon fils, la trisomie 21 et l'esprit guerrier. Je ne comprenais pas, lorsque mon fils est né, le véritablement sens d'un esprit guerrier. Maintenant je sais, entre autre, que Rémi-Michel a cette détermination de vivre au-delà de son handicap et de ses propres limites de communication.
Quand nous nous sommes retrouvés au carrefour de son diplôme secondaire à 21 ans, il n'y avait plus rien après... Pas de métier, pas de job en perspective, pas d'avenues toutes tracées... Seulement une impression de vide et les paroles pas rassurantes du tout d'un responsable des services de jour: « Nous vous appellerons quand il y aura de la place ».
Ce jour-là, où j'ai vraiment senti qu'il y avait l'attente, et de l'autre côté, moi, son parent avec toutes les obligations du quotidien y compris mes horaires de travail, j'ai su que je devais passer en mode Solutions-Actions.
Mon fils fait partie de ces êtres humains qui vivent véritablement chaque minute de leur vie de manière authentique et vraie; sans faux-semblant. Et je sais que quand son coeur va arrêter de battre, cet être de lumière partira tout doucement sans faire de bruit puisqu'il aura fait son job : rendre les gens autour de lui plus sensibles à leur état d'être humain. Mais ce job n'est pas dans les registres du ministère de l'emploie et de la main-d'œuvre et il n'y a pas de descriptif avec des objectifs précis pour ce travail. C'est le job la plus humanitaire que je connaisse : RENDRE LES AUTRES ÊTRES HUMAINS PLUS CONSCIENTS DE LEURS FORCES ET DE LEURS IMPERFECTIONS.
Mon fils, comme beaucoup d'autres jeunes avec handicap, est un grand guerrier qui se bat jour après jour afin de créer un pont entre lui et les autres et vivre en tant qu'homme parmi les hommes. Et moi, comme tant d'autres parents vivant avec un enfant différent, je dois rester l'esprit bien éveillé et combattif afin d'offrir à mon fils une vie pleine de sens. 
Dans le cadre de la semaine québécoise de la déficience intellectuelle, nous avons rencontré Vincent, qui est âgé de 29 ans et réside à la Maison Jolivie. En effet, depuis le mois de mai 2012, Vincent à intégré un des seize logements de la résidence. « Pour moi, il était important que je puisse vivre seul en appartement. Je voulais vivre mon indépendance et mon autonomie » mentionne-il. Il dit également vivre une grande fierté à pouvoir se débrouiller seul. Certes, il a encore besoin de l'aide de ses parents notamment pour son budget et pour leurs précieux conseils. Cependant, il apprécie pouvoir organiser son horaire, ses sorties ou encore ses dépenses lui-même.
Notre fille, Mylène, a une déficience intellectuelle, elle a une trisomie 21, ce qui ne l'empêche pas de profiter de la vie. Il faut dire que les débuts avec Mylène n'ont pas toujours été faciles. Elle a dû subir une chirurgie cardiaque à l'âge de 9 mois, ce qui a été très difficile pour toute la famille. Il y avait les rendez-vous médicaux, la stimulation, l'ergothérapie et la physiothérapie avec tout ce que cela implique.